Leave no trace - en ce moment dans les salles
Sorti dans les salles mercredi 19 septembre, Leave no trace est un long métrage qui raconte l'histoire de Tom, 15 ans, et de son père, tous deux vivant clandestinement dans une forêt en bordure de Portland. Le film est basé sur le roman de Tom Rock, L'abandon, lui-même inspiré d'une histoire vraie, un père et sa fille ayant passé 4 ans dans une réserve américaine.
Ils ont organisé un campement camouflé dans la forêt, qu'ils déplacent au fur et à mesure, et s'entraînent à se cacher au cas où ils seraient repérés. Mais ils ne vivent pas comme des fugitifs en proie au stress, ils vont bien. Leur exclusion de la société est volontaire, car ils retournent régulièrement en ville pour faire un minimum de courses, même s'ils consomment aussi des produits de la forêt et cultivent un petit potager.
Tout irait donc bien pour ce duo atypique si un promeneur n'avait pas repéré Tom et lancé l'alerte. Débusqué par des chiens policiers, Tom et son père, Will, sont emmenés par la police et les services sociaux.
Clin d'oeil au passage aux familles non-scolarisantes : la jeune fille ne met pas les pieds à l'école. De quoi faire paniquer les services sociaux. Testée, sur ses connaissances et son QI, elle montre... une avance sur son âge. Comme quoi, même une vie "sauvage" ne signifie pas qu'il n'y a pas d'instruction, au contraire ! Ce n'est qu'un petit passage du film, qui n'est pas particulièrement mis en avant et c'est intéressant en soi : son instruction est comme évidente, il n'y a pas de quoi en faire tout un plat !
Les voilà donc contraints à "s'adapter". Les services sociaux, représentées notamment par une assistante plutôt compréhensive, malgré les tests incongrus passés au père, veulent leur fournir ce qu'ils estiment qu'il leur manque : une maison, un travail, une école. Pour eux, Will a failli à sa mission de père en ne procurant pas tout cela à Tom. Pas pour eux. Lorsque l'on demande à Tom : "Où habites-tu ? Où est ta maison ?", elle répond tout simplement : "Avec mon père". Toute la question est : pourront-ils être heureux dans cette nouvelle vie qu'ils n'avaient pas demandée ? Seront-ils d'accord sur leur choix de vie ?
Cette situation marginale est filmée avec beaucoup de sensibilité : peu de mots, pas de sensationalisme, ce duo n'est pas traité comme un sujet insolite. On ne ressent aucun jugement, ni sur l'ado qui a envie de s'ouvrir au monde, ni sur le vétéran qui ne supporte plus d'y vivre. Nous ne connaîtrons jamais les détails de leur histoire, même si certaines bribes se révèlent au fur et à mesure. On n'a pas toutes les réponses aux questions que l'on se pose, notamment sur leur passé. La réalisatrice a préféré nous laisser remplir les blancs.
Et, opposé au gris de la ville, tout ce vert : la forêt joue son rôle au premier plan. Le film n'est pas non plus une critique de la société, mais nous donne à voir différentes manières de vivre, leurs atouts et leurs inconvénients.
Debra Granik, la réalisatrice, est venue présenter son film à Paris pour l'avant-première. Elle a expliqué que les deux acteurs principaux étaient très motivés par ce scénario, mais que Ben Foster s'inquiétait de ne pas être lui-même père, pour incarner un duo fille-père aussi fort. Thomasin MacKenzie a répondu que ce n'était pas grave : elle-même était déjà la fille de quelqu'un, elle pouvait lui apprendre !
La bande annonce :