Voici un article que j'avais mis de côté depuis longtemps sans trouver le temps de le lire et c'est enfin fait : Le système scolaire face à l'instruction en famille, Analyse de rapports de contrôle par Alain Quatrevaux. L'article est consultable sur le site des Cahiers de la recherche sur l'éducation et les savoirs.

Article Alain Quatrevaux

L'auteur commence par relever l'obligation de résultats qu'impliquent les contrôles par les inspecteurs :

"[...] une obligation de résultats, obligation à laquelle l’Éducation nationale ne soumet pas elle-même, tout au moins aussi directement, ses propres agents : les inspections dont sont l’objet les enseignants portent sur une certaine conformité de l’enseignement que ceux-ci assurent, pas sur les « acquis » effectifs des enseignés. Après deux contrôles consécutifs aux résultats jugés insatisfaisants, une (re)scolarisation est imposée, qui, en cas d’un possible nouvel échec, ne laisse toutefois pas aux parents la liberté de revenir à la situation antérieure." (paragraphe 4)

Il procède ensuite à l'analyse de rapports de contrôles, sur la base de 82 rapports issus de 25 inspections académiques différentes. Il relève notamment que les inspecteurs se basent sur le modèle scolaire sans prendre en compte la diversité des approches éducatives, exigeant par exemple pour certains une "progression", ce qui correspond en fait à la programmation détaillée prévue par l'enseignant pour l'année de cours "comme si cette programmation, difficilement évitable lorsqu’il s’agit d’organiser un enseignement collectif (malgré son défaut majeur de ne bien s’adapter, de facto, à personne, alors qu’elle est supposée convenir à tous) devait ici s’imposer : s’y révèle en tout cas une incapacité d’imaginer à la fois un tout autre mode de gestion du temps consacré à l’“instruction” et, au-delà, de toutes autres façons de procéder, non scolaro-centrées, permettant d’assurer cette dernière." (paragraphe 14)

Les attentes des inspecteurs, particulièrement lourdes envers les enfants en IEF, sont citées, avec des extraits de rapports. La procédure est comparée à une démarche judiciaire. Citons "[...] tout se passe comme si le contrôle avait pour finalité de rechercher tous les dévoiements possibles dans les pratiques pédagogiques constatées et susceptibles d’entraîner autant de rectifications." (paragraphe 21)

Je vous encourage à lire l'article, ce n'est pas très long, mais cet éclairage est intéressant (la dernière partie porte pour titre "Une surveillance intrusive et une hostilité larvée). A noter, d'ailleurs, que l'auteur n'est pas un militant pour l'instruction en famille, mais un sociologue de l'université de Toulouse 2 - Le Mirail.