C'est l'histoire d'un garçon qui n'avait pas envie d'apprendre l'anglais. Il savait bien que cela faisait partie du socle de connaissances à acquérir un jour ou l'autre pendant la période d'instruction obligatoire, mais il repoussait à plus tard. Il savait bien qu'un jour l'anglais lui serait utile, pour voyager, pour lire ce qui n'est pas traduit en français... mais il n'en avait pas encore envie.
Plus petit, il avait bien participé à un atelier d'anglais, après y avoir assisté une première fois par hasard vers 2 ans. Il avait souhaité s'y inscrire et cela a duré 2-3 ans. Mais quand l'atelier n'a plus été proposé, il n'a pas eu envie de le remplacer par autre chose. Il n'avait pas vraiment appris à parler anglais : il avait chanté, dansé, joué en anglais. C'était une première approche, très positive pour l'oreille, mais ne lui permettant pas de comprendre une langue étrangère ou de s'exprimer. Par contre, il avait passé de très bons moments dans cet atelier.
Et puis ce garçon a été un petit peu motivé quand son petit frère a demandé à avoir un cahier d'anglais. C'était un cahier de niveau CE1, alors que lui était bien plus grand, mais il a suivi ces premières leçons, qui apportaient surtout du vocabulaire. Et quand la rentrée est arrivée, ce garçon a choisi de suivre des cours par correspondance. L'ennui, c'est qu'en anglais, on lui demandait soudain d'avoir un niveau collège. Il aurait pu rester à la traîne, décrocher complètement et ignorer cette matière. Mais, entre-temps, la motivation était arrivée. Alors il s'est mis à l'anglais : non seulement en s'accrochant aux cours de collège, mais en utilisant des applis, des jeux, des livres, toutes les ressources ludiques qui étaient à sa disposition depuis un moment et qu'il n'avait pas vraiment utilisées. Parfois, il a fait plusieurs heures d'anglais par jour, sans que cela ne lui semble un effort intense, il avait juste envie de le faire.
Alors bien sûr, c'est encore récent et ce garçon a encore beaucoup à apprendre en anglais, mais désormais il aime cette langue et s'y intéresse. Dans son cours par correspondance, le professeur n'a pas semblé le trouver en décalage avec les autres et ce garçon décroche de très bonnes notes. Parce que quand la motivation est là, quand c'est le bon moment, c'est facile.
Aujourd'hui, le gouvernement impose par décret que les apprentissages soient progressifs et continus, dans tous les domaines. Comme si la seule façon d'apprendre un sujet, c'est d'y travailler un peu, jour après jour, semaine après semaine, année après année. Comme si le fait de se consacrer à une matière et de mettre de côté une autre impliquait que un échec à tout jamais dans cette dernière, une sorte de péremption irrattrapable.
Ce n'est pas ce que montrent les expériences des enfants instruits en famille (IEF). Les apprentissages n'ont pas besoin d'être continus et linéaires, ils ont besoin de reposer sur une motivation intrinsèque de l'enfant. C'est tellement évident que l'on peut se demander comment on peut continuer à ignorer ce fait. Le décret sur l'IEF restreint la liberté pédagogique et va à l'encontre de ce qui est bon pour les enfants.
S'il avait été forcé à en faire quand il n'en avait pas envie, ce garçon aurait sans doute détesté l'anglais. Aujourd'hui il aurait de mauvaises notes et, surtout, il risquerait le blocage s'il n'avait pas déjà renoncé. Imposer un rythme à l'enfant, ce n'est pas favoriser ses apprentissages, c'est se rapprocher encore un peu plus de la dictature pédagogique.