Comment répondre aux questions d'un enfant instruit en famille
Un sujet revient régulièrement dans les conversations avec les personnes qui débutent en instruction en famille : si l'on considère qu'un enfant peut apprendre de lui-même, notamment en posant des questions, comment faut-il lui répondre pour encourager sa démarche, sans pour autant en faire trop ?
C'est en effet un risque : les enfants posent de nombreuses questions, surtout si leur soif de connaissances n'a pas été réprimée par un programme ou des évaluations. Mais leurs questions ne sont pas toutes égales : s'ils auront envie d'approfondir certains sujets, parfois ils peuvent aussi juste poser une question en passant. Nombre de parents se sont retrouvés tout déçus parce que, suite à l'intérêt montré par un enfant pour les volcans, les papillons ou Clovis, ils s'étaient lancés dans de grandes recherches. Les voilà qui reviennent, motivés et contents de leurs trouvailles, avec une grande quantité de ressources à exploiter ensemble sur ce sujet... pour découvrir finalement que l'enfant ne souhaitait pas en savoir plus, du moins pour l'instant !
D'un côté, c'est nettement préférable parce que si chaque question était à l'origine d'une étude approfondie, le temps manquerait sérieusement ! Mais pour éviter la frustration de démarrer au quart de tour pour rien, mieux vaut tout simplement attendre de voir si l'intérêt de l'enfant ne fait que se renforcer avec la ou les premières questions ou s'il passe à un autre centre d'intérêt.
Il est d'ailleurs facile de décourager les enfants si la moindre question donne lieu à un cours magistral... Parfois, si l'enfant veut savoir ce que sont ces trois lettres-là, c'est vraiment la seule chose qu'il veut savoir pour l'instant. Il n'a pas demandé à apprendre tout l'alphabet ou le début du déchiffrage ! Le parent, et d'autant plus s'il est encore un peu inquiet sur les apprentissages guidés par l'enfant, peut sauter un peu trop vite sur le moindre intérêt et avoir ensuite l'impression qu'il a tout fait de travers puisque l'enfant ne s'intéresse pas à la suite. Mais c'était peut-être juste un questionnement passager et, satisfait d'avoir eu la réponse, l'enfant passe aussitôt à autre chose, papillonnant joyeusement d'un thème à l'autre. Pas de souci : si c'est vraiment important, il y reviendra forcément à un moment ou à un autre !
En revanche, d'autres questions révèlent peu à peu un intérêt plus prononcé, voire une véritable passion. Certains enfants vont tout d'un coup souhaiter tout savoir sur la préhistoire, les séismes ou les fourmis. Ce sera peut-être un thème qui les intéressera à long terme ou bien changeront-ils de sujet lorsqu'ils auront satisfait leur soif de découvrir cette notion, pour mieux passer à une autre.
L'avantage de se laisser guider par les questions des enfants, c'est que l'on se retrouve ainsi à aborder des sujets auxquels on n'aurait pas forcément pensé, au fur et à mesure des occasions de s'interroger sur tel ou tel thème. C'est très enrichissant, pour eux comme pour nous.
Alors, bien sûr, en tant que parent, on n'a pas toujours la réponse à leurs questions. Mais cela n'est pas grave, bien au contraire ! Lorsque l'on explique que l'on n'a pas la réponse, mais que l'on va la chercher avec (ou sans) eux, on démontre par l'exemple l'attitude qu'on aimerait qu'ils adoptent par la suite... C'est aussi l'occasion, selon leur âge et leur intérêt, de leur montrer comment, où, auprès de qui trouver les informations qui nous manquent. Apprendre à apprendre est un outil essentiel, qui leur servira à tout âge.
Pour montrer que la question avait dûment été écoutée, même si je n'avais pas la réponse ou que ce n'était pas le bon moment pour répondre, j'ai souvent pris note de cette interrogation, devant l'enfant. Cela montre que l'on y accorde de l'importance et que l'on y reviendra quand ce sera faisable ou que l'on disposera des ressources nécessaires. Alors, bien sûr, il faut s'attendre à ce que la liste de questions s'allonge avec le temps... mais c'est le signe de leur enthousiasme à apprendre !