Parler de l'actualité en famille

Aborder les éléments traumatisants de vendredi dernier en famille, c'est une épreuve. J'ai lu beaucoup de conseils, des "il faut", "il ne faut pas". Je me garderai bien d'être aussi catégorique : un sujet aussi sensible ne peut pas impliquer une seule solution valable pour tous. Cela va dépendre des enfants eux-mêmes (on ne pourra pas parler de la même façon à un hypersensible à l'imagination débordante qu'à un autre enfant), du degré où ils sont concernés (un Parisien verra sans doute les événements d'une autre manière qu'un enfant qui vit plus loin), du risque qu'ils encourent de voir / lire / entendre d'autres sources, etc.

Mes enfants se sont réveillés une heure après que j'ai appris ce qui s'était passé. Juste une heure pour accuser le coup et chercher mes mots. Certains ont choisi de ne pas en parler ou de repousser le moment, pour se créer une petite bulle familiale tant que c'était possible. Je comprends ce souhait de s'en protéger. Pour nous, c'était exclu : le musée prévu pour le week-end était soudainement fermé, il fallait bien une explication. Pas question de mentir, mais comment parler de l'horreur, d'autant plus quand elle est au coin de la rue ? Comment ne pas réprimer mes propres émotions sans pour autant les en submerger ?

Pour moi, il était essentiel que les enfants ne l'apprennent pas ailleurs, par d'autres personnes que leurs parents, avec des mots voire des images trop horribles. Nous n'avons pas beaucoup parlé, juste donné quelques faits et surtout écouté, répondu aux questions. Ils savent que je suis disponible pour que l'on en discute ou pour accueillir leurs émotions.

Il y a tant de choses impossibles à comprendre : pourquoi ? pourquoi des innocents pris au hasard ? comment peut-on faire ça ? qui ? est-ce que ça va se reproduire ? est-ce qu'on doit avoir peur ? est-ce qu'on continue à vivre comme d'habitude ou est-ce qu'on ne sort plus ? comment se protéger ? comment protéger les autres ? qu'est-ce qu'on peut faire ? est-ce que quelqu'un fait quelque chose ? Tant de questions, exprimées ou pas, et si peu de réponses à leur donner.

Voici quelques ressources qui peuvent aider les familles. Je ne peux que vous conseiller de les vérifier avant, elles peuvent aussi parfois vous donner des pistes sans être communiquées directement aux enfants. Il y en a bien d'autres, je ne mets ici que certaines que j'ai retenues. D'autres, même destinées aux enfants, m'ont semblé plus susceptibles d'attiser la peur que d'aider à vivre cette épreuve... en tout cas par rapport à la sensibilité de mes enfants.

• Astrapi a mis en ligne un article pour les enfants

• Playbac a également préparé une édition spéciale du Petit Quotidien, du Quotidien et de l'Actu (pour trois tranches d'âge différentes), complétée de conseils sur la même page. Je ne donnerai toutefois pas Mon petit quotidien aux enfants, car on leur explique que c'est la troisième guerre mondiale...
• 1 jour 1 actu avait mis en ligne une vidéo, le 11 septembre, pour expliquer aux enfants ce qu'est le terrorisme

• Pour les plus grands, Phosphore explique ce qu'est l'état islamique

• Monique de Kermadec, psy et spécialiste des enfants précoces, a publié ses recommendations
  

•  Serge Tisseron avait également donné des conseils après l'attentat contre Charlie Hebdo